artistique

Continental XL de Sylvain Émard à la place des festivals le 26 mai 2011

 

 

Continental XL

 

Voici les impressions d’un des danseurs qui à participé à cette édition du Continental XL, Normand Miron.  Vous pouvez visiter son Blog ici:  PIZZA4ALL

 

Ce soir encore, blottis quatre par quatre pour nous protéger du froid, plus ou moins sagement en rang d’oignons, l’estomac un brin noué, les jambes frétillantes, on attendra impatiemment le départ de cette grande traversée de bonheur qu’est le Continental XL.

Bientôt bercés par les délicieux airs deMartin Tétreault, envoutés par un éclairage bleuté qui transforme l’immense scène extérieure en un piscine de bonheur où nous plongerons sans bouée, le nez pincé en retenant notre souffle, attendant que déferle le tsunami gogopradien qui nous propagera dans toutes les directions et toutes les émotions pour la prochaine demie-heure.

Deux soirs déjà! Deux soirées bénies des dieux de la danse où on a réussit à s’insérer au sec entre deux ondées fraiches. Accuweather est de notre bord, so far so good! Des nuages? De la pluie? Who. Cares. Tant pis pour les étoiles. De toute façon, Sylvain nous a maintes fois expliqué que les étoiles, c’est pas dans le ciel qu’elles sont les plus jolies mais bien lorsqu’elles brillent au fond de nos propres yeux. De nos propres coeurs.

Et 210 coeurs qui battent la cadence au même rythme, ça ne peut que dégager de l’émotion. Brute. 30 minutes d’une chorégraphie émardienne, aussi continentale soit-elle, c’est un peu comme réciter 50 fables de La Fontaine à l’envers sur du Anthrax en se tapant la tête d’une main pendant qu’on se frotte la bedaine de l’autre,… ça laisse pas de place à grand chose d’autre. Le moment présent? Pour les paresseux! Ici, chaque seconde est découpée en milliers de surprises, de joies, de bonheur, de doutes, d’humour, de tendresse, de sourires complices, de petites paniques, de moments de grâce et de tout plein de « et » dont Sylvain « et »mard est si friand. Chaque seconde. Pendant 30 minutes. Une éternité. Qui passe en un éclair. De chaleur humaine.

Pendant 30 minutes, Sylvain fait disparaitre la misère de la terre. Pendant un Continental XL, pas de place pour la haine. Ni pour la guerre, la jalousie, les égos, la méchanceté, l’hypocrisie, les récessions, les scandales politiques, l’ingratitude, l’intolérance, la violence. Juste un gros moment de pur fun où on se retrouve ensemble, complice avec une foule qui se nourrit joyeusement de notre apparent plaisir à danser cette iconoclaste danse en ligne et nous le redonne en une précieuse dose d’énergie que l’on utilisera volontiers à notre tour pour réalimenter nos fournaises, histoire de toffer la run jusqu’aux derniers échos de Champagne – le dernier tableau du Continental XL.

Et au bout de cette danse au fond de nous-même, chaque soir, la magie opère à nouveau. Nous en sortons vidés, mais comblés. Grandis. Plus forts. Embellis. Meilleurs. Car non seulement Sylvain comble-t-il nos pas de barres à 8 temps, mais il comble du même coup nos vides. Nos désirs. Nos peurs. Nos joies. Nos peines. Nos espoirs. Et donc inévitablement, nos coeurs.

Confidence, je vous le dis juste à vous parce que je vous aime bien, le Continental XL n’est pas qu’une simple chorégraphie. Derrière l’anecdotique set carré revampé à la sauce moderne se cache une des expériences humaines les plus riches à laquelle il m’ait jamais été donné de participer. Et derrière le chorégraphe, se cache un des êtres les plus humains, les plus gentils, les plus bons, les plus inspirants, les plus accessibles et les plus talentueux que j’ai rencontré.

Je l’appelle parfois à la blague sensei Émard, mais au fond je ris pas. Sylvain est un sage. Il connait la nature humaine, et la danse est son moyen par lequel il rejoint l’âme, le coeur et le corps.

Et s’il sait à l’avance le chemin à suivre pour que nous arrivions à notre destination, il nous laisse toutefois découvrir de nous-même la façon de s’y rendre. En nous partageant bien entendu quelques notes ici et là 😉 Car comme tout bon maitre, Sylvain est d’abord et avant tout un phare. Un phare, que dis-je? Une étoile. Une étoile qui bien que d’apparence toute petite brille intensément puisque ploguée directement sur l’amour des gens et du beau.

Et encore une fois ce soir, malgré les nuages et la pluie qui collent obstinément à nos baskets, nous serons 210 danseurs à suivre la lueur de notre étoile. Et à être encore une fois touchés par sa très grande beauté. Une étoile qui est probablement en train de rougir à lire ces lignes…

On t’aime Sylvain. J’voulais te le dire à mon tour avant que cette fabuleuse aventure se termine. Plein de boeuf sur le barbecue!

Texte: Norman Miron

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